Repérer les violences conjugales subies par un proche
Cet article a pour objectif de vous transmettre des indications, pour mieux repérer les violences conjugales subies par un proche. L’idée est aussi de vous aiguiller pour savoir comment aider.
La violence au sein du couple peut toucher tout le monde, qu’importe le genre ou le statut social. Elle n’est pas forcément visible au premier abord, beaucoup la cachent et souffrent en silence. Mais quand nous avons de l’inquiétude sur la situation d’un proche, un(e) ami(e), un(e) collègue, il est essentiel d’observer et de venir en soutien. L’entourage détient un rôle crucial dans la détection des signes de maltraitances. Il est donc nécessaire de sensibiliser le grand public à ce sujet. Certains indicateurs peuvent confirmer, ou non, le fait qu’une personne subisse des violences conjugales au quotidien. Cela permet de reconnaître la souffrance vécue. Une fois cette étape passée, nous pouvons nous sentir démuni(e)s. Nous n’avons pas toujours les réflexes adaptés pour réagir face à la détresse. Nous allons donc détailler les pistes pouvant alerter sur les violences conjugales, et les clés pour épauler la personne victime.
Les différents signes qui permettent de repérer les violences conjugales
Reconnaître les signes physiques
Les violences physiques sont les plus facilement décelables, car elles sont plus visibles. Il s’agit de blessures apparentes, telles que des hématomes, fractures, brûlures, plaies, traces de strangulation, etc. Néanmoins, ces indicateurs physiques de violences conjugales peuvent être camouflés par la victime : vêtements, maquillage, accessoires… Quand un proche a des marques de maltraitances corporelles, ses explications incohérentes ou inexistantes peuvent aussi mettre la puce à l’oreille. Parfois, il est possible d’être témoin de scènes de violence au sein d’un couple. Par exemple, lorsque l’agresseur lève la main sur son·sa partenaire, le·la bouscule, lui lance des objets, etc. Si on assiste à ce genre d’acte, il est nécessaire de briser le silence et d’en parler avec la victime.
Identifier les signes émotionnels et comportementaux
Les violences psychologiques sont plus délicates à repérer, et ne sont pas à négliger. Il est possible de les constater à travers des attitudes inhabituelles du ou de la proche concerné(e). Les changements d’humeur, l’anxiété, la peur peuvent être des signes émotionnels de mauvais traitements dans le couple. Les violences ont un impact considérable sur le bien-être d’un individu. Elles peuvent amener à des modifications de comportement fréquentes. Cela se manifeste par de la tristesse, de la colère, de l’irritabilité, de la perte d’estime de soi, ou encore de la confusion par exemple. La victime vit dans un climat d’incertitude face à l’imprévisibilité de l’agresseur ; ce qui crée un état de stress permanent.
Ce type de relation abusive peut entraîner un fort niveau d’anxiété et de la peur. Des symptômes peuvent apparaître : troubles du sommeil ou de l’appétit, sueurs, hypervigilance, crises de panique, réflexes de sursaut, etc. Certaines personnes peuvent aussi adopter des comportements à risque (consommation d’alcool, toxicomanie, automutilation, idées suicidaires…) ; ce qui révèle un profond mal-être. Toutes ces violences psychologiques et émotionnelles peuvent avoir un impact persistant sur la santé mentale. Il existe des moyens et des ressources pour aider la victime à se reconstruire.
Observer les signes de contrôle
Dans un contexte de violences conjugales, les partenaires ne se trouvent pas dans une relation égalitaire. Un des deux va progressivement prendre l’ascendant sur l’autre. Différentes tactiques de l’agresseur sont mises en place pour exercer un pouvoir sur sa victime. Cela amène alors à une situation d’emprise. Elle peut se révéler à travers certains comportements inhabituels : éloignement de la vie sociale, isolement des proches, surveillance permanente, solitude, repli sur soi, etc.
Les signes de contrôle dans une relation ne s’arrêtent pas à l’atteinte de liberté de la personne. Cela peut aussi s’élargir à la restriction des ressources financières : on parle là de violences économiques. Elles peuvent prendre différentes formes : justifier chaque dépense, interdire l’accès aux moyens de paiements ou aux comptes bancaires, empêcher d’aller travailler, détruire des biens… Le but étant — pour le/la conjoint(e) malveillant(e) — d’inscrire l’autre dans un schéma de dépendance pécuniaire. Celle-ci limite le pouvoir d’action de la victime, pour se sortir de cette situation.
Être attentif aux signes liés aux enfants pour repérer les violences conjugales
Exposés à un climat maltraitant à la maison, les enfants peuvent développer des syndromes émotionnels semblables au parent victime (comme décrits précédemment). Le changement de comportement d’un jeune à l’école, ou ailleurs, peut être un indicateur de mal-être à la maison. Par exemple, il peut s’agir d’une diminution de la concentration ou de l’intérêt, une dégradation des résultats scolaires, une attitude agressive, une fatigue due à des troubles du sommeil, un isolement social, retard ou régression du développement, etc. Parfois, un enfant peut verbaliser directement à un adulte de confiance qu’il est témoin ou victime de violences au sein de la cellule familiale.
Quelques clés pour aider un(e) proche victime de violences conjugales
Être à l’écoute et proposer un soutien
Pour soutenir un(e) proche victime de violences conjugales, une des premières étapes est de briser le silence et libérer sa parole. Partager son inquiétude face à la situation montre que vous amorcez le dialogue, et que vous êtes prêt(e) à l’épauler. Il faut avoir conscience que la personne concernée n’acceptera pas forcément l’échange au départ. À ce propos, il est recommandé d’éviter de forcer la victime à entreprendre des démarches. Cela peut s’avérer contre-productif et provoquer l’effet inverse. Elle peut demeurer dans le déni, ou se trouver encore sous emprise. Le cheminement pour en sortir prend du temps. Chacun avance à son propre rythme, et c’est important de respecter cet aspect. Le principal est que votre proche sache que vous restez disponible. Il ou elle peut alors venir vous en parler au besoin.
Pour ceux ou celles qui parviennent à se confier, l’écoute sans jugement est primordiale. Il est déconseillé de remettre en cause la parole de la victime. Il est plutôt préférable de la croire, la rassurer, la déculpabiliser, la comprendre. Lorsque celle-ci sera prête, vous pourrez lui offrir votre appui pour la soutenir. À ce sujet, il existe une formation de sensibilisation dispensée gratuitement en visio par le collectif NousToutes. Elle est accessible à tous et permet de mieux saisir les mécanismes de violences, ainsi que la manière dont on peut se positionner pour proposer son aide aux victimes.
Informer et orienter vers des ressources professionnelles
Diverses ressources existent pour les victimes de violences conjugales :
- Le 3919 (24/24 et 7j/7, anonyme et gratuit) : ligne téléphonique qui propose un service spécialisé en matière de violences au sein du couple. Toutes personnes — victime, témoin, proche, professionnels — peuvent la contacter pour se renseigner, disposer d’informations et de conseils spécifiques sur le sujet. Si la victime saisit cette assistance, elle se verra fournir des adresses de proximité où elle pourra se faire guider dans ses démarches.
- Les spécialistes de santé : ils permettent de bénéficier d’un soutien médical et psychologique.
- Les travailleurs sociaux : dans les structures spécialisées, ces professionnel(le)s sont formé(e)s sur le thème des violences conjugales, afin d’accompagner au mieux les victimes. La mise en place d ‘un suivi permet de favoriser la prise de conscience et amorcer le travail de reconstruction de soi.
Beaucoup d’autres dispositifs méritent d’être connus et sont identifiables par des recommandations de la part des ressources sus-citées, ou des recherches en ligne.
Encourager la recherche d’aides juridiques
Les CIDFF (Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) sont implantés partout en France. Des antennes locales se situent dans de nombreuses régions. Ils proposent un large éventail de services aux individus vivant des violences conjugales. Entre autres, ils fournissent des consultations juridiques pour informer les victimes sur leurs droits. Ils peuvent les aider à régler des questions légales sur différents sujets ; séparation, divorce, garde des enfants, etc.
En ce qui concerne la sécurité de la victime, plusieurs mesures juridiques existent. Une ordonnance de protection peut être demandée par la personne concernée ou la police. Cela peut s’effectuer en cas de danger grave et imminent. Il est préférable de se renseigner auprès d’un(e) avocat(e) ou d’une permanence juridique avant d’entamer cette démarche. Celle-ci peut s’avérer éprouvante si on manque de preuve. En cas de dépôt de plainte de la victime, une enquête peut être ouverte et des poursuites judiciaires peuvent être décidées contre l’agresseur, si assez de preuves sont rassemblées.
Planifier une organisation en cas de départ en urgence
Pour quitter une relation abusive, cela demande de la préparation. La victime n’est pas souvent libre de ses faits et gestes, tributaire du contrôle de son ou sa partenaire. Dans ce cas, vous pouvez lui proposer de prévoir un plan de sécurité si elle a besoin de partir du domicile en urgence. Pour cela, il faudra :
- Préparer un sac avec les documents importants, des vêtements, de l’argent, choses de première nécessité.
- Identifier un lieu d’hébergement sûr : chez un membre de la famille, un(e) ami(e), un hôtel, un accueil d’urgence pour victimes de violences conjugales, etc.
- Mettre en place un code avec des personnes de confiance. Ainsi, la victime pourra alerter si elle a besoin d’aide.
- Appeler le 17 en cas de danger imminent.
- Enlever la géolocalisation sur le téléphone mobile, et rester prudent(e) avec les réseaux sociaux. Ne pas hésiter à changer les mots de passe si l’agresseur en avait connaissance.
- Prendre contact avec des professionnel(le)s spécialisé(e)s en violences conjugales.
Reconnaître les signes de violences conjugales chez un(e) proche est une étape essentielle pour son bien-être et sa sécurité. Il est donc impératif que l’entourage soit vigilant à ces indicateurs et qu’il apporte un soutien adapté à la victime.
Si vous suspectez des violences conjugales chez un(e) proche, n’hésitez pas à chercher dans cette liste l’organisme d’aide à proximité, pour obtenir de l’appui et des informations.
N’hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact ou sur nos réseaux sociaux si vous voulez discuter plus de ce sujet !
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