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Sortir des violences conjugales : conseils pour assurer la sécurité des enfants

Pendant ou après une séparation dans un contexte de violences conjugales, il est nécessaire de s’assurer de la sécurité de ses enfants. Ayant été témoins ou eux-mêmes victimes de maltraitances, leur bien-être et leur protection sont indispensables par la suite. Nous avons pensé à cet article pour vous aider à prendre les choses en main, étape par étape. Certaines démarches ne pourront être effectuées que par le parent victime de violences. D’autres peuvent être engagées plus largement par les proches (famille, ami.es, etc.).

Évidemment, vous y trouverez des conseils plus ou moins adaptés, en fonction de la situation dans laquelle vous êtes. Nous vous invitons également à nous partager vos expériences ou témoignages si vous le souhaitez. Cela pourrait apporter d’autres points de vue pertinents, aux personnes cherchant à se renseigner sur le sujet. 

Ce que vous seul(e) pouvez faire pour assurer la sécurité des enfants, à la suite de violences conjugales

Offrir à ses enfants un environnement sûr et stable

Rien que le fait de quitter un domicile — ayant une atmosphère violente — sera bénéfique pour vos enfants. Qu’ils soient témoins ou victimes, l’éloignement des sources d’angoisse leur permettra de se sentir davantage sécurisés. Un parent toxique projette de nombreux effets néfastes sur ses enfants, dont l’instabilité permanente. Or, pour leur épanouissement et leur bien-être, les bambins ont quotidiennement besoin de tranquillité, de repos, de prévisibilité. Afin de mettre en place un environnement où les enfants se sentent protégés, plusieurs solutions sont envisageables. 

Vous pouvez établir des rituels avec eux, leur permettre de bénéficier d’un suivi psychologique, prévenir les institutions éducatives qui les accompagnent, ou encore les préparer à d’éventuelles circonstances inhabituelles. Nous allons aborder ces conseils, plus en détail, dans les prochains points de cet article. En évoluant dans un milieu rassurant, vos enfants disposeront de ressources adaptées pour se reconstruire progressivement.

Instaurer des rituels avec ses enfants pour les rassurer et les sécuriser

Les rituels sont importants dans la vie des jeunes. Ils leur offrent la possibilité de se repérer dans le temps et dans l’espace, de prévoir, de bénéficier d’un cadre. Avec cela, vos petits auront davantage l’impression de maitriser ce qu’il se passe autour d’eux. Les routines apportent une stabilité, diminuent le stress ; et ainsi, engendrent un sentiment de sécurité au quotidien. Ces habitudes rythmées permettront à vos enfants de se sentir plus autonomes, valorisés, ou encore épaulés par leurs proches. Ils pourront devenir acteurs dans leurs activités et (re)prendre confiance en eux, petit à petit.

Mettre en place un suivi psychologique et/ou une prise en charge médicale

Dans un autre article, nous avons décrit les effets que la violence conjugale pouvait avoir sur les enfants. Il est possible de se rapprocher de professionnels de la santé, afin d’apporter un soutien psychologique ou médical à vos enfants. Pour cela, vous pouvez vous adresser à votre médecin généraliste, ou en CMPP (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) par exemple. Au sein de ces lieux spécialisés, l’enfant trouvera un espace de parole neutre, où il pourra évoquer ses éventuelles difficultés. Cela peut avoir un impact positif sur son quotidien par la suite.

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À voir aussi : « Quitter une relation violente : les professionnels à rencontrer »

Préparer les enfants aux potentielles auditions auprès des forces de l’ordre ou de la médecine légale

Lorsque l’on quitte une relation maltraitante, il n’est pas rare que nous ayons à effectuer des dépôts de plainte. Nous pouvons également parfois être victimes d’accusations injustifiées de la part de l’autre parent. Dans ces cas-là, les enfants aussi peuvent être auditionnés par les forces de l’ordre ou un médecin légiste (constats de blessures physiques et/ou psychologiques). Lors de ces instances, il peut y avoir des prises d’empreintes ou de photos. Dans la mesure du possible, il est nécessaire de pouvoir les préparer à ces potentiels rendez-vous.

La communication avec vos enfants est très importante pour qu’ils puissent vivre plus sereinement ce type d’étape. Tout en restant impartial.e, vous pouvez leur expliquer ce qu’il se passe, avec des mots simples et adaptés à leur âge. L’objectif est qu’ils soient aptes à s’exprimer librement, et qu’ils aient conscience qu’ils ne sont pas responsables de la situation. Apportez-leur votre soutien inconditionnel et encouragez-les. Ce sont des épreuves difficiles à vivre, mais qui peuvent être surmontées s’ils se sentent entourés et accompagnés.

Prévenir l’école et les enseignants des difficultés rencontrées dans la cellule familiale

Les établissements scolaires sont les lieux où vos chérubins passent toutes leurs journées. Dans le cadre de leur activité, les enseignants sont attentifs aux divers comportements de leurs élèves. Les informer des problématiques familiales leur permet d’adapter l’accompagnement de vos enfants, et de rester vigilants à leur égard. L’école peut être vue comme un espace sécuritaire pour certains jeunes, où ils peuvent repérer des adultes « ressources » à qui se confier, par exemple. Les institutions scolaires peuvent aussi travailler en collaboration avec différents partenaires (services sociaux, médicaux, etc.), pour garantir la sécurité de leurs élèves.

Communiquer avec ses enfants et les aider à traverser les épreuves

Après une rupture conjugale dans des circonstances douloureuses, les enfants peuvent avoir besoin d’extérioriser. Échanger avec eux, être à leur écoute, se montrer disponible — de manière efficace et bienveillante — peut leur apporter un réconfort émotionnel certain. Il est important de leur expliquer qu’ils ne sont pas fautifs des évènements. Vous pouvez aussi les amener à prendre conscience, progressivement, que la séparation est essentielle à leur bien-être. Vous avez la possibilité d’utiliser des outils qui aident à comprendre la situation, comme des livres jeunesse sur le sujet, par exemple.

N’hésitez pas à encourager vos petits à prendre la parole, exprimer leurs ressentis, etc. Il est nécessaire pour eux de savoir que vous serez là, pour répondre à leurs préoccupations. Cela leur permettra de travailler leur confiance en eux, et de s’affirmer par la suite.

Assurer la protection des enfants en danger grâce à des mesures juridiques

Lorsque nous sommes très inquiets sur la sécurité de nos enfants, il est possible d’engager des démarches juridiques spécifiques. Par exemple, vous pouvez demander une ordonnance de protection. Celle-ci est envisageable quand il existe un « danger grave et imminent » pour la ou les victime(s). N’hésitez pas à contacter un.e avocat.e spécialisé.e pour en savoir davantage sur le sujet.

Vous pouvez aussi vous rapprocher des services de protection de l’enfance afin d’exposer les faits de violences intrafamiliales. Ils seront en position de vous aiguiller sur les dispositifs en vigueur, qui pourraient répondre à vos problématiques.

Cadrer la garde des enfants avec des démarches auprès du JAF

L’une des actions essentielles à mettre en place — suite à une séparation — est la saisie du Juge aux Affaires Familiales (JAF). Cela vous permettra de bénéficier d’un cadre juridique en ce qui concerne : l’autorité parentale, le droit de garde/visites/hébergement, le versement d’une pension alimentaire, ou autres demandes en lien avec les enfants. Cette démarche vise à sécuriser le quotidien de vos petits.

Ce que vous et/ou vos proches pouvez faire pour favoriser la protection des enfants

Préparer des scénarios de protection et de départ

Dans l’idéal, tentez de repérer et analyser comment se déclenchent les violences. Lorsque vous prenez une décision ou dans une situation spécifique, évaluez le danger que cela peut impliquer. Ainsi, vous pourrez mieux vous préparer et y faire face. Pour chaque contexte à risque, essayez d’imaginer un scénario ou des stratégies pour l’affronter et/ou fuir. Vous pouvez effectuer ce processus avec des professionnel.les spécialisé.es dans l’accompagnement des victimes de violences conjugales. Ils sauront vous aiguiller en fonction de votre condition actuelle et de vos propres besoins.

Vous pouvez préparer vos enfants et leur expliquer clairement ce qu’ils doivent faire, si vous devez partir précipitamment. Avant le départ, prévoyez un sac avec tout le nécessaire : vêtements, argent, papiers d’identité, documents administratifs, etc. Cela vous permettra de ne pas avoir à y penser si vous devez quitter le domicile en urgence.

Si des proches peuvent vous aider, planifiez avec eux un endroit où vous réfugier quand vous déciderez de partir. Si vous êtes isolé.e géographiquement de votre entourage, privilégiez un lieu d’hébergement facile d’accès rapidement. Peut-être pourront-ils vous soutenir à distance en participant à des frais hôteliers pour vous mettre à l’abri, par exemple.

Enfin, n’hésitez pas à appeler le 17 si vous vous sentez en danger immédiat.

Repérer les lieux de protection pour les familles monoparentales ayant vécu des violences conjugales

Si avec vos enfants, vous êtes isolés et ne pouvez pas être hébergés chez des proches, il existe des lieux de mise à l’abri. Ceux-ci peuvent différer en fonction du territoire sur lequel vous vous trouvez. Afin d’en faire la demande, vous pouvez contacter des centres spécialisés en accompagnement des victimes de violences conjugales. Des places d’hébergement d’urgence peuvent être trouvées, dans la mesure du possible.

La plateforme téléphonique 115 peut apporter des réponses, aux personnes n’ayant plus d’abri, d’hébergement d’urgence. L’écoutant social réalisera une évaluation de votre situation. Précisez que le départ du domicile est en lien avec des maltraitances subies. Cela pourrait être une solution pour bénéficier éventuellement d’une mise à l’abri immédiate.

Vous pouvez également faire appel à l’association « Un abri qui sauve des vies ». Elle agit au niveau national et propose un système d’hébergement citoyen. Son but est de protéger les victimes de violences conjugales et intrafamiliales. Pour faire une demande d’abri, vous pouvez les contacter au 09 77 42 59 20 (h/24, 7j/7) ; ou remplir leur formulaire en ligne.

Contacter le service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger

Il s’agit ici du numéro de téléphone 119. Enfants, adolescents et adultes peuvent appeler cette plateforme gratuite, accessible 7J/7 et 24 h/24. Ce service est « dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l’être ». Vous serez mis.e en relation avec un.e écoutant.e spécialisé.e. Il ou elle fera une évaluation de la situation du jeune concerné par les violences. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur ce dispositif, vous pouvez consulter leur document explicatif.

Assurer la sécurité de ses enfants avec une information préoccupante (IP) ou signalement

Ces démarches peuvent être effectuées par un.e professionnel.le ou un particulier. Que vous soyez témoin ou que vous soupçonniez un enfant en danger — ou qui risque de l’être — vous pouvez (devez) signaler les faits.

Une information préoccupante est « une information transmise à la CRIP pour alerter sur la situation d’un mineur […] pouvant laisser craindre que sa santé, sa sécurité ou sa moralité sont en danger ou en risque de l’être ou que les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social sont gravement compromises ou en risque de l’être ». Plusieurs cellules de recueil, d’évaluation et de traitement des informations préoccupantes (CRIP) mettent à disposition des guides téléchargeables pour présenter leur service. Vous pouvez également accéder à l’annuaire des CRIP en France.

Le signalement, lui, est directement adressé par courrier au procureur, dans l’intention de protéger un enfant en danger.

Se mobiliser pour apporter à la famille du soutien au quotidien

Vous êtes un. e proche, vous pouvez apporter votre aide ! En effet, après avoir fui une relation abusive, le parent et ses enfants peuvent avoir besoin de soutien sur plusieurs aspects :

  • Apporter votre écoute,
  • Proposer à la famille de l’héberger,
  • Accompagner dans les démarches,
  • Aider financièrement,
  • Garder les enfants,
  • Faire des activités,
  • Partager de bons moments, tout simplement !

Si vous vivez une séparation suite à des violences conjugales, il est important de rappeler que vous n’êtes pas seul.e. Rien qu’en prenant la décision de partir, vous faites preuve d’un grand courage et c’est un énorme pas vers votre avenir. Même si cette période peut vous paraître insurmontable aujourd’hui, de nombreuses ressources existent pour vous épauler à chaque étape.

Malgré tout ce que vous avez vécu, n’oubliez pas l’importance de prendre du temps pour vous et vos bambins. Entourez-vous de personnes bienveillantes qui peuvent vous soutenir dans ce processus difficile. Avec vos enfants, vous méritez d’être en sécurité, vous méritez d’être heureux.se, vous méritez une vie sans violence ni crainte. En prenant soin de vous, vous contribuez à votre bien-être et celui de vos enfants, créant ainsi un environnement sain. Ne vous sous-estimez pas. N’oubliez jamais ce pour quoi vous luttez : votre liberté.

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