Faire face aux violences post-séparation : une étape importante pour se reconstruire
Les violences post-séparation sont les abus et agressions qui persistent malgré la rupture avec un ex-conjoint maltraitant. Même après avoir fui une relation toxique, il est fréquent de continuer à subir des violences. Cela est le cas quand l’agresseur(se) cherche à maintenir une emprise, ou punir son ex-partenaire d’avoir osé le/la quitter. Ces violences peuvent prendre différentes formes, que nous allons mettre en lumière dans cet article. Cela vous permettra de les identifier, de mieux comprendre leurs mécanismes et leur impact sur la victime. Nous verrons aussi comment mettre en place des stratégies de protection efficaces et accéder à des ressources adaptées.
Que vous soyez directement concerné(e) ou que vous souhaitiez à aider quelqu’un dans cette situation, vous trouverez ici des solutions concrètes pour agir en toute sécurité.
Reconnaître les différentes formes de violences post-séparation
Quand on est victime de violences conjugales, il est difficile de prendre du recul sur sa propre situation, et de s’éloigner de l’emprise de son ex-conjoint(e). C’est pourquoi nous allons voir les différents abus qui peuvent persister après la rupture conjugale. Ces comportements sont malheureusement fréquents, car la séparation représente un moment où l’agresseur(se) perd le contrôle qu’il ou elle exerçait pendant la relation. Dans ces cas-là, l’ex-conjoint(e) peut intensifier ses agressions pour tenter de garder une emprise.
Le harcèlement et la surveillance
Le harcèlement peut se manifester de plusieurs façons : des appels incessants, des messages répétés ou des tentatives de contact non souhaitées. Ce comportement peut se faire soit en personne ou par des intermédiaires. Il arrive que le harcèlement aille plus loin, jusqu’à être suivi(e) physiquement. C’est le cas quand l’ex-conjoint(e) cherche à surveiller la victime, ou lorsqu’il/elle apparaît « par hasard » dans des lieux fréquentés. Si on va plus loin, l’agresseur peut aussi installer des logiciels ou dispositifs de « traçage » sur le téléphone (ou autres appareils numériques) de la victime.
Témoignage : « Après la séparation, il envoyait des messages en permanence. Même pendant des moments joyeux avec mes enfants, une simple notification suffisait à m’angoisser et à tout gâcher. » | Claire, 39 ans.
La cyberviolence
Avec l’usage du numérique dans notre quotidien, les violences post-séparation peuvent s’étendre sur internet et/ou les réseaux sociaux. L’ex-partenaire peut publier des contenus qui nuisent à la victime : humiliations, mensonges, moqueries, insultes, intimidations, etc. Il s’agit là de diffamation en ligne. En plus de ce type de pratiques, un(e) ex-conjoint(e) violent(e) peut aussi pirater les comptes privés de la personne visée, et même usurper son identité. Dans certains cas, des photos ou vidéos intimes, souvent obtenues dans un contexte de confiance, sont diffusées sans consentement pour atteindre la victime. Ces actes sont connus sous le nom de « revenge porn ».
Les violences liées au rôle parental
Après une séparation dans un contexte de violences conjugales, les enfants sont souvent le moyen pour l’agresseur(se) de continuer à faire souffrir l’autre parent. Cela peut se traduire de différentes manières : la manipulation affective, le dénigrement de l’autre parent, le non-respect des accords de garde, la remise en question des compétences parentales de la victime, des menaces concernant la garde des enfants, etc. Ce type de comportement impacte aussi bien les enfants que la victime.
La pression économique
Certaines violences post-séparation prennent la forme de pressions financières. Par exemple, un(e) ex-partenaire peut refuser de payer une pension alimentaire, malgré une obligation légale. Il arrive également que certain(e)s arrêtent de travailler pour ne plus la verser. Le but est de maintenir une dépendance économique ou de mettre la victime en difficulté. Il en est de même lorsque l’ex-conjoint(e) refuse de participer au paiement des frais communs liés aux enfants (hors pension alimentaire). Il peut aussi y avoir l’endettement forcé : contracter des crédits au nom de la victime, l’empêcher l’accès à des ressources financières, etc.
Les menaces ou violences physiques
Les violences après la rupture peuvent inclure des menaces (explicites ou implicites). L’ex-partenaire peut chercher à intimider la victime, évoquer des représailles contre elle ou ses proches. Le fait de quitter un(e) conjoint(e) toxique peut aussi augmenter le risque d’agressions physiques. Tous ces comportements ont pour objectif d’instaurer un climat de peur autour de la personne visée.
Les procédures judiciaires pour nuire
Certain(e)s peuvent utiliser les démarches judiciaires pour porter atteinte à l’autre parent. Ces agissements n’ont pas forcément pour but de défendre des droits, mais plutôt d’épuiser psychologiquement et financièrement la victime. C’est une manière de prolonger le contrôle et l’emprise sur elle. Cela peut se manifester par : de fausses accusations, des dépôts de plainte injustifiés, un non-respect des décisions de justice, des recours et contestations répétés, etc.
Identifier l’impact des violences post-séparation sur les victimes
Les conséquences psychologiques
À cause des violences, les victimes peuvent développer des troubles anxieux persistants. C’est-à-dire que chaque appel inconnu, chaque message peut déclencher une montée d’angoisse. Certaines vivent dans un état de tension permanente, et souffrent aussi de stress post-traumatique. Cela peut se traduire par des cauchemars, des flashbacks ou des crises de panique. La perte de confiance en soi et envers les autres est fréquente, ce qui rend difficile la reconstruction émotionnelle.
L’hypervigilance
Quand on vit sous la menace répétée d’un(e) ex-conjoint(e) violent(e), on peut développer une hypervigilance. Ce sont toutes les actions qu’une personne effectue pour anticiper un potentiel danger. La victime se retrouve dans un état où elle est constamment en alerte sur ce qu’il se passe autour d’elle, dans son environnement. Voici quelques exemples qui révèlent un comportement d’hypervigilance : toujours rester sur ses gardes, verrouiller plusieurs fois la porte, sursauter ou crier, éviter des lieux, avoir des difficultés à trouver le sommeil, etc. Cette peur permanente épuise mentalement et physiquement la personne concernée.
La perte de relations sociales
La peur et la honte isolent souvent les victimes. Elles peuvent s’éloigner de leurs proches, car elles sont incapables d’expliquer ce qu’elles vivent, ou se sentent incomprises. Toute l’énergie qui est demandée pour se sortir de l’emprise de l’ex-partenaire ne laisse que peu de place au reste. L’absence de relations sociales amène à l’isolement, ce qui renforce encore plus le sentiment de solitude.
La culpabilité
Il est fréquent de se sentir coupable lorsqu’une personne est victime de violences conjugales et post-séparation. Elles se remettent souvent en question : « Ai-je fait le bon choix ? », « Est-ce de ma faute s’il/elle continue ? », « Aurais-je pu réagir autrement ? ». Cette culpabilité est le résultat des violences psychologiques passées lors de la relation. Cela fait partie des techniques de manipulation de l’agresseur(se), pour que la victime se sente responsable de ce qu’il se passe.
Les répercussions professionnelles
Nous n’en parlons pas assez, mais les difficultés ne s’arrêtent pas à la sphère privée. L’impact psychologique des violences post-séparation peut affecter la concentration, la motivation, l’énergie, la performance au travail, et même la capacité à conserver un emploi. L’absentéisme et les arrêts maladie — dus à des crises d’angoisses, troubles du sommeil, démarches juridiques, etc. — peuvent fragiliser la carrière professionnelle de la victime.
Mettre en place des stratégies de protection
Limiter les contacts avec l’ex-partenaire
Privilégiez des moyens de communication formels, comme une adresse e-mail dédiée uniquement à cet usage. Cela permet de garder une certaine distance avec l’ex-conjoint(e), tout en conservant des traces écrites des échanges. Ces précautions permettent d’avoir des preuves qui pourront éventuellement servir lors de démarches juridiques.
Pour les communications obligatoires, dans le cadre de la coparentalité, l’utilisation d’une application comme TI3RS peut être très utile. Cet outil aide à filtrer les messages agressifs, à gérer les échanges de manière sécurisée et à conserver des preuves fiables en cas de litige juridique. Grâce à cela, vous pouvez limiter les interactions directes. Ainsi, vous réduisez l’impact des tentatives de manipulation ou de harcèlement. C’est un bon moyen de garder le contrôle sur la situation et de se décharger mentalement.
Sécuriser son environnement physique et numérique
Pour renforcer la sécurité de votre domicile, vous pouvez remplacer les serrures (surtout si l’ex-partenaire avait accès aux clés). Vous avez également la possibilité d’installer des verrous supplémentaires, de vous équiper d’un système d’alarme ou de caméras de surveillance. Comme chaque situation est différente, voyez ce qui peut convenir à la vôtre. L’éclairage extérieur avec un détecteur de mouvement peut aussi dissuader les tentatives d’approche ou d’intrusion.
La protection numérique est tout aussi importante et on peut avoir tendance à l’oublier. N’hésitez pas à changer tous vos mots de passe, que ce soit sur les plateformes administratives ou sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi activer la double authentification pour renforcer la sécurité de vos comptes numériques. Vérifiez les paramètres de confidentialité sur vos profils en ligne. Cela permet de limiter les informations visibles publiquement, et donc aussi par l’ex-conjoint(e). Soyez vigilant(e) face aux logiciels espions qui pourraient être installés sur vos appareils.
Obtenir des protections légales
Comme nous l’avons déjà évoqué dans un article précédent — comment fixer des limites et les faire respecter à un ex violent — l’ordonnance de protection est une mesure judiciaire qui peut être demandée en cas de danger grave et imminent. Elle permet d’imposer à l’agresseur(se) des restrictions, comme l’interdiction de contact, l’éloignement du domicile ou des lieux fréquentés par la victime. Cette mesure peut également s’appliquer aux enfants, si leur sécurité est menacée. En parallèle, d’autres mesures d’éloignement peuvent être ordonnées dans le cadre d’une procédure pénale, notamment lors d’un dépôt de plainte.
Le harcèlement, qu’il soit physique ou numérique, est puni par la loi. En cas de harcèlement moral, de menaces, de cyberviolence, il est possible de porter plainte. Conservez toutes les preuves qui pourront vous être utiles : captures d’écran, enregistrements de messages, courriels. Vous pouvez aussi vous faire accompagner et conseiller par un avocat, une association spécialisée ou un service d’aide aux victimes. Cela vous permettra de comprendre vos droits et de sécuriser rapidement votre situation.
Faire appel à un soutien professionnel
Un psychologue ou un thérapeute spécialisé dans les violences conjugales peut aider à surmonter l’anxiété, la peur et la culpabilité. Ce travail permet de mieux comprendre l’impact des traumatismes dans votre vie. Vous pourrez ainsi prendre du recul sur votre situation et retrouver confiance en vous progressivement. Certaines associations proposent des consultations gratuites ou à tarif réduit pour les victimes.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire notre article « Quitter une relation violente : quels sont les professionnels à rencontrer ? »
Comme nous l’avons vu, les violences post-séparation ne s’arrêtent pas toujours au moment de la rupture. Dans cet article, nous avons exploré les différentes formes qu’elles peuvent prendre. Qu’elles soient psychologiques, numériques, physiques, ou liées aux enfants, elles ont toutes un impact sur les victimes. Enfin, nous avons présenté des moyens concrets pour s’en protéger.
Ce qu’il faut retenir :
✅ Identifier les violences post-séparation permet d’agir plus efficacement.
✅ Sécuriser son environnement personnel et numérique aide à limiter les risques.
✅ Réduire au maximum les contacts avec l’ex-partenaire protège la santé mentale.
✅ Obtenir des protections légales renforce la sécurité et offre des moyens d’action.
✅ S’entourer de professionnels pour être accompagné(e) et se reconstruire.
Les informations partagées ici peuvent vraiment faire la différence. Prenez quelques notes, gardez ces conseils en tête, et surtout, osez demander de l’aide si vous en avez besoin.
👉 Pour aller plus loin, découvrez notre article sur l’impact des traumatismes sur la santé mentale.
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